Intelligence Civile Et Veille Citoyenne : Une Innovation Participative Pour L’éducation Permanente

L’intelligence économique adaptée au secteur associatif

Constat

La démocratie belge francophone traverse une crise de confiance : seuls 26 % des Wallons se disent satisfaits du fonctionnement démocratique (IWEPS 2023). Dans un contexte de crises multiples (désinformation, polarisation, urgence écologique, fracture numérique), le secteur de l’éducation permanente (EP) dispose d’atouts uniques pour renforcer la participation citoyenne et l’esprit critique.

De l’intelligence économique à l’intelligence civile

Traditionnellement marchande, l’intelligence économique repose sur trois axes : veille, protection, influence. Transposée au non-marchand, elle devient intelligence civile, centrée sur :

  • une veille sociale et citoyenne (suivi des politiques publiques, financements, enjeux sociétaux) ;
  • une protection éthique des données sensibles des publics ;
  • une influence d’intérêt général (plaidoyer, communication citoyenne) ;
  • une gouvernance participative de l’information, avec implication directe des publics.

Spécificités du secteur associatif

  • Mission : développer l’analyse critique, favoriser l’émancipation citoyenne, stimuler la participation.
  • Moyens : 280 associations reconnues en Fédération Wallonie-Bruxelles, financements structurels, réseaux fédératifs (FESEFA), coordinations territoriales.
  • Méthodes : co-construction, pédagogie participative, inclusion des publics fragilisés.

Exemples inspirants

  • Belgique : ateliers VOIR-PENSER-AGIR (CPCP), budgets participatifs communaux, fact-checking collaboratif (RTBF Faky), observatoires citoyens locaux.
  • International : ACRIMED (France), panels citoyens (Suisse), Decidim (Genève), dispositifs d’intelligence territoriale (Québec), Carticipe et MobiliSÉ (participation numérique).

Outils et méthodes

  • Outils accessibles : suite Framasoft, Google Alertes + Feedly, outils de fact-checking collaboratifs.
  • Plateformes avancées : Decidim, Agorakit, Kaléidoscope (FWB).
  • Méthodologie : cercles concentriques (associations pilotes → coordinations → ensemble du secteur), communautés de pratique thématiques, validation collaborative à trois niveaux.

Défis

  • Inclusion numérique (publics vulnérables).
  • Qualité informationnelle (charte éthique, fact-checking).
  • Financement durable (public + privé + partenariats).
  • Pérennité (mutualisation des ressources, formation).

Plan d’action

  1. Phase pilote (6–12 mois) : expérimentations dans 5–8 associations.
  2. Extension (12–24 mois) : élargissement territorial, enrichissement des outils numériques, partenariats universitaires.
  3. Généralisation (24–36 mois) : intégration dans toutes les associations reconnues, reconnaissance institutionnelle de l’expertise citoyenne.

La transposition de l’intelligence économique en intelligence civile offre une perspective d’innovation sociale majeure. Elle permet de transformer les associations en nœuds d’intelligence collective territoriale, impliquant directement les publics dans la production de savoirs citoyens.
Cette approche constitue une réponse crédible aux crises démocratiques actuelles et un prolongement naturel des missions d’éducation permanente en Belgique francophone.


Dans une société saturée d’informations, où la méfiance envers les institutions démocratiques s’accroît, de nouvelles pistes émergent pour rendre aux citoyens un rôle actif. En Belgique francophone, l’éducation permanente joue déjà ce rôle de terrain, et pourrait aller encore plus loin en développant ce qu’on appelle l’intelligence civile et la veille citoyenne.

Pourquoi maintenant ?

Un chiffre en dit long : seuls 26 % des Wallons se disent satisfaits du fonctionnement démocratique. Cette crise de confiance s’ajoute à d’autres : désinformation, polarisation des débats, urgence climatique, fracture numérique… Bref, l’impression que la société se fragmente et que la parole citoyenne pèse de moins en moins.

Or, le secteur associatif, et en particulier celui de l’éducation permanente, a des atouts uniques : il est ancré dans les réalités locales, soutenu par un financement structurel, et surtout habitué à co-construire avec ses publics.

De l’intelligence économique à l’intelligence civile

À l’origine, l’intelligence économique est un outil d’entreprises et d’États, basé sur trois piliers : la veille, la protection de l’information, et l’influence. Transposée dans le monde associatif, cette approche change profondément de sens et devient intelligence civile :

  • la veille ne porte plus sur la concurrence, mais sur les enjeux sociaux et démocratiques ;
  • la protection ne sert pas à garder des secrets industriels, mais à protéger les données sensibles des citoyens ;
  • l’influence n’est plus marchande, mais au service de l’intérêt général ;
  • enfin, la gouvernance de l’information devient participative : ce sont les citoyens eux-mêmes qui collectent, analysent et diffusent.

Des initiatives qui montrent la voie

En Belgique, des associations comme le CPCP organisent des ateliers « Voir – Penser – Agir », où les participants produisent eux-mêmes expositions, journaux de quartier ou plaidoyers politiques. Certaines communes lancent des budgets participatifs, où les habitants décident directement de projets locaux. La RTBF a développé Faky, un outil collaboratif de fact-checking.

Ailleurs, d’autres expériences inspirent :

  • en France, ACRIMED surveille les médias de façon collective et critique ;
  • en Suisse, des panels citoyens tirés au sort produisent des recommandations politiques ;
  • au Québec, l’intelligence territoriale associe citoyens et institutions pour planifier ensemble l’avenir.

Toutes montrent qu’avec les bons outils, l’information peut redevenir un bien commun.

Quels outils et méthodes ?

Pas besoin de gros moyens pour commencer :

  • Framasoft (outils libres de collaboration),
  • Google Alertes ou Feedly pour suivre l’actualité,
  • des plateformes comme CaptainFact pour vérifier collectivement les infos.

Et quand les projets grandissent, des solutions comme Decidim (consultations citoyennes en ligne) ou Agorakit (espaces collaboratifs) permettent d’aller beaucoup plus loin.

La clé reste la méthode : expérimenter petit à petit, impliquer directement les publics, et surtout garder une logique participative où l’information n’est pas confisquée par les experts, mais partagée et co-produite.

Les défis à relever

Bien sûr, tout n’est pas simple.

  • L’inclusion numérique : comment impliquer les publics éloignés du digital ?
  • La qualité de l’information : comment éviter les biais, les fake news, ou les récupérations politiques ?
  • Le financement : comment assurer la pérennité de projets citoyens ambitieux ?

Mais ces défis sont autant d’occasions d’innover collectivement, plutôt que de subir.

Et maintenant ?

Un plan d’action réaliste peut s’envisager en trois temps :

  1. Tester : lancer de petits projets pilotes dans quelques associations volontaires.
  2. Étendre : mutualiser les expériences, partager les outils, former plus largement.
  3. Généraliser : faire de la veille citoyenne une dimension reconnue et soutenue de l’éducation permanente.

👉 En résumé : l’intelligence civile, c’est l’intelligence économique réinventée pour la démocratie. Elle donne aux citoyens la capacité non seulement de s’informer, mais de reprendre la main sur la production et l’usage de l’information.

C’est une invitation à ne plus être spectateurs, mais auteurs de notre avenir commun.


Dossier annexe (1/3)

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