Formats Ouverts: RSS, ActivityPub Et Au-Delà

En Bref
Le RSS et ses cousins (Atom, OPML, ActivityPub…) sont des outils ouverts et libres qui permettent de reprendre le contrôle sur l’information. Individuellement ou collectivement, ils facilitent une veille autonome, une publication décentralisée et une mobilisation citoyenne. Ce guide propose une synthèse claire, concrète et actionnable pour tous les publics.

Pourquoi parler des formats ouverts maintenant ?

Notre quotidien numérique est saturé par des flux imposés, dopés à l’algorithme. Les plateformes sociales captent notre attention au prix de notre autonomie.

Face à cela, les formats ouverts, interopérables et non propriétaires comme RSS, Atom, OPML, ou ActivityPub proposent une autre voie :

  • S’abonner sans être suivi
  • Publier sans dépendre de Facebook ou X
  • Partager des sélections sans passer par des applis fermées
  • Construire des communs numériques

Bref, une technologie au service de l’émancipation, pas de l’addiction. C’est tout le sens de l’éducation populaire.

Comprendre les formats : tour d’horizon rapide

Format / ProtocoleÀ quoi ça sertPoints fortsLimites
RSS / AtomFlux d’articlesSimple, éprouvé, sans pubPeu interactif
JSON FeedVariante moderne (en JSON)Lisible pour devsPeu répandu
OPMLListe de flux à partagerIdéal pour formationsInutile seul
ActivityPubRéseau social décentraliséInteraction, fédérationMise en route technique

RSS : outil de veille et d’émancipation

  • 🔍 Autonomie : on choisit ses sources

  • Pas d’algorithmes : juste l’info brute

  • 📬 Discrétion : aucun pistage, pas de pub

  • 🧠 Esprit critique : on peut comparer les points de vue

  • 💾 Simplicité : fonctionne partout (même vieux appareils)

Cas d’usage :

  • Médiathèques : créer une revue de presse automatisée
  • Écoles : suivre des blogs pédagogiques
  • Associations : fédérer les actus du réseau militant
  • Podcasts : tous reposent sur… un flux RSS !

OPML : transmettre une sélection de sources

Un fichier .opml contient une liste de flux (ex. : 10 blogs à suivre pour une veille citoyenne). On peut l’exporter, le partager, le publier. Idéal pour :

  • Former un groupe (classe, atelier, réseau associatif)

  • Proposer une veille thématique “clé en main”

  • Mettre en commun des sources dans un lecteur partagé (ex : FreshRSS)

ActivityPub : interaction décentralisée (Mastodon, Mobilizon…)

Là où RSS propose une lecture, ActivityPub permet l’échange. C’est la base technique du fediverse :

  • Mastodon (microblog)

  • Mobilizon (événements)

  • PeerTube (vidéos)

Ces outils permettent de publier, discuter, s’organiser, sans être enfermé dans une plateforme privée. On peut relier RSS et ActivityPub pour diffuser un article automatiquement sur Mastodon, ou suivre des comptes via des flux.

Limites fréquentes… et réponses

ObstacleRéponse
Trop technique ?Tutoriels pas à pas, interfaces simplifiées
Flux invisibles ?Chercher /feed, /rss, ou utiliser une extension
Infobésité ?Commencer petit (5 sources max), filtrer au besoin
Pas assez “social” ?Compléter par ActivityPub (Mastodon, Mobilizon)

Ce qu’on peut faire dès maintenant

  • 💫 Individuel : tester un lecteur, suivre 5 sources, créer un rituel d’information

  • 🤝 Collectif : publier votre flux RSS, proposer un pack OPML, organiser un atelier

  • 📣 Politique : plaider pour des interfaces respectueuses de l’attention et de la diversité

Hé ouais
Reprendre la main sur l’info, c’est reprendre du pouvoir dans sa vie

Annexes : outils recommandés
  • Lecteurs : Thunderbird · FreshRSS · NetNewsWire · spaRSS · Feeder
  • Fediverse : Mastodon · Mobilizon · PeerTube
  • Ressources : FreshRSS.org · framablog.org · INJEP

Dossier complet

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Format / protocoleNature et fonctionnementPotentiel d’appropriation par le publicObstacles et limites
RSS (RSS 2.0)
(1999, XML)
Flux web unidirectionnel (pull) en XML.
Un site expose un fichier listant ses dernières actus (items). Un agrégateur client interroge périodiquement le flux pour récupérer les nouveautés.
– Permet de suivre facilement de nombreuses sources dans une interface unique (lecteur de flux).
Choix personnalisé des sources : l’utilisateur construit son menu médiatique selon ses centres d’intérêt, sans algorithme imposé.
– Format largement répandu et documenté : la plupart des sites le supportent (souvent sans que l’utilisateur le sache).
– Logiciels disponibles sur toutes les plateformes (ordinateurs, smartphones, web).
Configuration requise : doit installer ou utiliser un lecteur de flux (non fourni par défaut dans la plupart des environnements actuels).
Pas d’interactivité native : pure lecture, oblige à passer par d’autres moyens pour réagir/partager du contenu.
Visibilité réduite : beaucoup de sites cachent le flux, peu d’incitation à l’abonnement RSS pour un néophyte.
– Format XML un peu verbeux (mais généralement transparent pour l’utilisateur).
Atom
(2005, XML)
Flux web unidirectionnel (pull) en XML, très similaire à RSS dans l’usage.
Standardisé (RFC 4287) pour uniformiser les bonnes pratiques de syndication (ex : gestion des dates, des auteurs).
Usage identique à RSS du point de vue utilisateur final : la plupart des lecteurs de flux traitent RSS et Atom de la même façon, sans que l’usager voie la différence.
– Atom a résolu certaines limitations de RSS (norme claire, champs supplémentaires), ce qui améliore la fiabilité de certains flux.
Même limites que RSS : nécessité d’un agrégateur, modèle pull non interactif.
– Moins connu du grand public (le terme RSS reste l’appellation générique courante, même pour désigner des flux Atom).
– Adoption par les éditeurs de sites légèrement moindre que RSS 2.0 (mais beaucoup offrent les deux formats).
JSON Feed
(2017, JSON)
Flux web unidirectionnel en JSON.
Propose une syntaxe alternative à RSS/Atom : un fichier JSON structuré contenant les items. Même contenu logique (titres, dates, liens…).
– A l’usage équivalent à RSS/Atom. Si le lecteur supporte JSON Feed, l’usager s’abonne de la même manière, sans voir la différence de format.
– Avantage indirect : JSON étant plus facile à traiter pour les développeurs, on espère plus d’outils innovants exploitant les flux (ex : intégrations dans des sites JS modernes, extensions, etc.).
Adoption limitée : seulement certains sites technophiles ou plateformes de blogs l’ont ajouté. La majorité des flux restent en XML.
Compatibilité : tous les agrégateurs RSS n’ont pas ajouté le support JSON Feed, surtout les plus anciens ou simples.
– N’apporte pas de fonctionnalité nouvelle pour l’utilisateur final (différence surtout côté développeur).
ActivityPub
(2018, JSON-LD)
Protocole de réseau social fédéré (standard W3C).
Basé sur un mécanisme client-serveur et serveur-serveur : les utilisateurs (acteurs) disposent d’un profil sur un serveur (instance). Lorsqu’un acteur publie, son serveur envoie l’activité (ex : Create d’un post) aux serveurs de ses abonnés (notions d’inbox/outbox*). Ces serveurs reçoivent et stockent le nouveau message, le rendant accessible dans la timeline de leurs utilisateurs abonnés. Schéma : le modèle ActivityPub, où le serveur de l’auteur (à gauche) envoie un nouvel événement aux « boîtes de réception » des serveurs abonnées (à droite). Ce modèle mêle la diffusion de contenu d’un flux RSS et la notification aux destinataires comme un email.
Permet l’interaction sociale : réponse, partage et mention entre utilisateurs, tout en restant décentralisé (pas de serveur central).
Expérience utilisateur familière : pour le public, utiliser Mastodon (microblog basé sur ActivityPub) est comparable à utiliser Twitter, avec en prime la liberté de choisir son fournisseur ou de migrer facilement. Cela facilite l’adoption, y compris par des non-techniciens, dès lors qu’ils sont accompagnés.
Fédération de multiples services : ActivityPub ne sert pas qu’aux textes courts ; il est employé aussi pour des plateformes vidéo (PeerTube), photo (PixelFed), événements (Mobilizon). Un même utilisateur peut suivre sur son appli des contenus variés (posts, vidéos, annonces d’événements…) émanant de différentes applications AP. Cela élargit l’appropriation à divers usages citoyens (ex : suivre les événements locaux de telle association via Mobilizon, discuter via Mastodon, etc.).
Dynamique actuelle : depuis 2022, le fediverse (ensemble des serveurs ActivityPub) connaît une forte croissance grand public, ce qui crée un cercle vertueux (plus de contenu intéressant, plus de raisons de rejoindre). On voit apparaître des comptes d’institutions, de médias, d’associations sur Mastodon, augmentant sa légitimité comme outil d’éducation aux médias.
Complexité de mise en œuvre : monter et maintenir son propre serveur ActivityPub (pour une association par ex.) demande des compétences système. Les solutions hébergées existent (instances publiques), mais cela reste plus lourd que de simplement fournir un flux RSS sur son site web.
Modération et gouvernance : avoir sa propre instance implique de modérer sa communauté, établir des règles, etc., ce qui peut être exigeant pour un petit collectif. Rejoindre une instance tierce externalise ces questions mais fait perdre un peu de contrôle (il faut choisir une instance de confiance).
Fragmentation possible : l’utilisateur doit comprendre qu’il y a plusieurs serveurs et fédérations (« instances »). Même si l’expérience se veut unifiée, cette dimension technique peut perturber au début (analogie : c’est comme choisir son fournisseur email – pas très compliqué, mais inhabituel dans le contexte réseau social).
Pas de garantie de masse critique : bien que la croissance soit forte, ActivityPub reste minoritaire face aux géants. Certaines fonctionnalités sont en développement (recherche globale, éditer un post…). L’adoption large dépendra aussi du soutien d’acteurs publics et de la persévérance des communautés.
OPML
(2000, XML)
Format d’échange de listes de flux (Outline Processor Markup Language).
Un fichier OPML peut contenir une arborescence de liens de flux RSS/Atom (souvent utilisé pour exporter ou importer ses abonnements d’un lecteur à un autre).
Facilite le partage de veille : un expert peut constituer un ensemble de sources de qualité sur un sujet (par ex « 10 blogs tech à suivre ») et publier un fichier OPML. Un utilisateur débutant peut l’importer dans son agrégateur et d’emblée s’abonner à tous ces flux d’un coup, profitant de la curation de l’expert. Cela peut servir en contexte pédagogique (un formateur EMI fournit une OPML de sources validées aux stagiaires).
Interopérabilité : pratiquement tous les agrégateurs savent importer/exporter en OPML, c’est le format standard de sauvegarde des abonnements. On n’est donc pas enfermé chez un fournisseur (contrairement aux réseaux sociaux où il est ardu d’extraire la liste des comptes suivis).
Public cible réduit : OPML s’adresse surtout aux utilisateurs de lecteurs RSS. Quelqu’un qui n’utilise pas de flux n’aura rien à faire d’un OPML. C’est donc un format secondaire, dépendant de la diffusion du RSS lui-même.
Peu médiatisé : un néophyte ne saura pas spontanément qu’il peut demander ou chercher un OPML de sources. Ce sont des pratiques de communautés informées (développeurs, veilleurs).
Contenu statique : un OPML n’indique pas quels flux sont les plus actifs ou les plus importants. Cela donne un point de départ, mais l’utilisateur devra peut-être affiner ensuite ses abonnements (supprimer celles qui ne l’intéressent finalement pas, etc.).
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