Kit Tarot Management : Quand Les Arcanes Rencontrent L'Entreprise

Un Tarot pas comme les autres
Imaginez un instant que les 78 cartes du Tarot de Marseille ne servent plus à prédire l’avenir, mais à décoder les mécanismes invisibles de vos projets professionnels. C’est exactement ce que propose ce kit thématique audacieux : transformer un système symbolique millénaire en grille de lecture des dynamiques organisationnelles contemporaines.
Au premier abord, l’idée peut sembler saugrenue. Mélanger ésotérisme et tableaux Excel ? Faire dialoguer l’Hermite avec les méthodologies agiles ? Pourtant, ce détournement créatif révèle une profondeur pédagogique surprenante.
Architecture du système : la double lecture
Les cartes réinventées
Le kit conserve la structure traditionnelle du Tarot tout en lui insufflant une nouvelle vie. Prenons quelques exemples concrets :
La Tour devient “La Tour de Contrôle” - Cette réinterprétation brillante transforme l’arcane de la destruction en métaphore de l’illusion managériale. Elle symbolise ces moments où les dashboards impeccables et les reportings rassurants volent en éclats face à la réalité du terrain. L’effondrement n’est plus une catastrophe mystique mais un révélateur systémique : personne ne pilotait vraiment, tout le monde faisait semblant.
Le Deux de Bâtons marque “l’instant où l’idée devient intention stratégique”. On passe de l’élan créatif pur à la mise en perspective. C’est ce moment crucial où l’on se demande : où va-t-on ? Avec qui ? Pourquoi ? La carte pointe les pièges classiques : rester bloqué dans la projection, attendre toutes les garanties avant d’agir, trop intellectualiser.
Le Sept de Coupes devient le miroir des “illusions collectives” en entreprise. Ces projets séduisants mais flous, ces partenariats idéalisés, ces objectifs hors de portée où chacun projette ses fantasmes. La carte révèle ce désalignement doux mais pernicieux où tout le monde pense être sur la même longueur d’onde alors que chacun voit un projet différent.
Une numérologie appliquée
Le système numérologique du Tarot trouve ici une application concrète fascinante. Le chiffre 1 n’est plus seulement l’unité mystique mais “l’impulsion initiale du projet”, cette énergie pure mais non structurée qui nécessite direction et organisation. Le 4 devient synonyme de consolidation organisationnelle, avec ses forces (stabilité) et ses risques (rigidité bureaucratique).
Cette approche permet de lire les phases d’un projet comme un cycle naturel : l’enthousiasme initial (As), la dualité des choix stratégiques (2), l’expansion créative (3), la structuration nécessaire (4), les conflits inévitables (5), et ainsi de suite.
Forces du dispositif
La puissance métaphorique
Le premier atout de ce kit réside dans sa capacité à rendre visible l’invisible. Les dynamiques organisationnelles, souvent abstraites et difficiles à nommer, trouvent soudain des images puissantes. “La Tour de Contrôle qui s’effondre” parle immédiatement à quiconque a vécu l’échec d’un système de pilotage déconnecté du réel.
L’universalité des archétypes
En s’appuyant sur des archétypes universels, le kit transcende les jargons managériaux éphémères. Là où les méthodologies à la mode se périment rapidement, les figures du Bateleur ou de l’Empereur conservent leur pertinence symbolique à travers les époques et les cultures organisationnelles.
Un outil de médiation collective
L’utilisation de cartes crée un espace de projection neutre où les participants peuvent exprimer des réalités difficiles sans attaque frontale. Dire “nous sommes dans une phase Sept de Coupes” est moins violent que “personne n’est aligné et tout le monde se fait des films”.
La navigation interconnectée
Le système de liens croisés (visible dans les [[références]]) crée un réseau sémantique riche. Chaque concept renvoie à d’autres, tissant une toile de sens qui invite à l’exploration plutôt qu’à la consommation passive.
Limites et questionnements
Le risque de simplification
Si la métaphore éclaire, elle peut aussi réduire. Les organisations sont-elles vraiment réductibles à 78 archétypes ? La complexité du réel ne risque-t-elle pas d’être écrasée sous le poids des symboles ?
L’appropriation culturelle
Utiliser le Tarot, outil chargé d’histoire spirituelle et ésotérique, pour parler management peut interroger. Y a-t-il instrumentalisation d’un patrimoine symbolique à des fins qui lui sont étrangères ? La question mérite d’être posée, même si la créativité de la démarche peut aussi être vue comme un enrichissement mutuel.
La barrière d’entrée
Pour être pleinement efficace, le système nécessite une double compétence : comprendre les bases du Tarot ET maîtriser les enjeux organisationnels. Cette exigence peut créer une barrière d’entrée non négligeable pour certains publics.
Le piège de la fascination
Le caractère ludique et mystérieux des cartes peut détourner l’attention de l’objectif pédagogique. Le risque existe de voir les participants plus intéressés par le “jeu” que par les insights organisationnels qu’il est censé révéler.
Applications pratiques envisageables
En formation
Le kit pourrait servir d’excellent support pour des formations en management, particulièrement sur les soft skills et la compréhension des dynamiques humaines. L’aspect visuel et narratif facilite la mémorisation et l’engagement.
En coaching d’équipe
Utilisé comme outil de diagnostic collectif, il permettrait aux équipes d’identifier leurs patterns dysfonctionnels de manière moins menaçante qu’avec des outils d’audit classiques.
En créativité stratégique
Le tirage aléatoire de cartes pourrait stimuler des réflexions stratégiques inattendues, sortant les équipes de leurs schémas de pensée habituels.
En analyse post-mortem
Retracer l’histoire d’un projet à travers les arcanes permettrait une relecture riche et nuancée des succès comme des échecs.
Pistes d’amélioration
Développer les niveaux de lecture
Le système gagnerait à expliciter davantage les trois niveaux mentionnés (micro, meso, macro) pour offrir une grille d’analyse multi-échelle plus robuste.
Créer des protocoles d’usage
Des méthodologies précises d’utilisation (types de tirages adaptés aux situations organisationnelles, questions-guides, etc.) renforceraient l’aspect opérationnel du kit.
Intégrer des cas pratiques
L’ajout d’études de cas réels où les arcanes auraient permis de décoder des situations complexes donnerait plus de crédibilité à l’approche.
Proposer des ponts théoriques
Établir des connexions explicites avec les théories organisationnelles reconnues (systémique, psychodynamique du travail, etc.) légitimerait l’approche auprès des publics plus académiques.
Conclusion : un pari pédagogique audacieux
Ce kit représente une tentative originale et courageuse de renouveler les outils de compréhension organisationnelle. En mariant l’ancestral et le contemporain, le symbolique et le pragmatique, il ouvre un espace de réflexion rare dans le monde souvent aride du management.
Sa force principale réside dans sa capacité à rendre tangible l’intangible, à donner des images aux dynamiques invisibles qui traversent nos organisations. C’est un outil de conscientisation collective qui mérite d’être exploré, testé, critiqué et amélioré.
Au-delà de son utilité pratique, ce kit pose une question fondamentale : et si les outils les plus pertinents pour comprendre nos organisations ultra-modernes se trouvaient dans la sagesse symbolique du passé ? Et si, pour naviguer dans la complexité du XXIe siècle, nous avions besoin de retrouver le langage des archétypes ?
L’audace de cette proposition mérite qu’on s’y arrête. Car dans un monde organisationnel souvent désenchanté, réintroduire du symbole, du mythe et de l’imaginaire pourrait bien être une forme de résistance créative nécessaire. Non pas pour fuir le réel, mais pour mieux le comprendre et le transformer.
Ce kit n’est certainement pas la solution miracle aux défis organisationnels contemporains. Mais il constitue une invitation stimulante à penser autrement, à voir différemment, à nommer l’innommable. Et dans un contexte où les modèles managériaux traditionnels montrent leurs limites, cette invitation mérite d’être entendue.